Qu’est-ce que je fais là, moi, déjà ? Je ne suis plus vraiment certain de le savoir. En plus, je me retrouve dans un centre commercial de Manhattan. Franchement, quelle idée de venir jusqu’ici ? Je suis en « territoire » grec et j’avoue ne pas me sentir particulièrement à l’aise. Et puis, il est vrai que j’aurais pu rester à San Francisco. Là-bas aussi, ils doivent avoir tout un tas de centre commerciaux hyper modernes. Et au moins, le Camp Jupiter aurait été à proximité. Là, je me sens presque désarmé. Enfin, c’est une façon de parler. Je ne sors que très rarement sans mes armes. Après tout, on ne sait jamais ce qui peut arriver, n’est-ce pas ?

Au fond, en y réfléchissant, j’ai la sensation que je connais la réponse. Dans ma plus tendre enfance, j’ai vécu quelques années non loin d’ici. Je ne sais plus exactement si j’étais à Manhattan. Mais ce dont je suis certain, c’est que je me trouvais à New-York. A l’époque, j’étais encore l’esclave de ce qui m’a servi de génitrice. Aujourd’hui, c’est en homme libre que je reviens sur les traces de mon passé. Je dois dire que c’est assez bizarre mais cela n’en est pas moins jouissif. Celle qui m’a mis au monde est morte depuis longtemps. Et même à cette période, je ne pense pas qu’elle ait perdu son « précieux » temps pour me rechercher. De toute façon, j’étais bien mieux où je me trouvais, plutôt qu’avec elle. Enfin bref, elle n’est plus de ce monde maintenant. Alors que moi, je le foule encore. Est-ce bien ou mal ? Je n’en sais rien et je n’y accorde aucune importance.

Quoi qu’il en soit, je constate très rapidement que j’ai bien fait d’emporter mes armes avec moi. Bon, j’ai bien mes pouvoirs qui sont indissociables de ma personne mais parfois, un bon coup de faux ou une bonne flèche bien plantée pour s’avérer efficace, voire plus pratique, dans certaines circonstances. Comme celles-là, par exemple. On ne peut même plus se promener tranquillement en regardant les rayons d’un magasin. Il y a forcément quelque chose qui finit par vous tomber dessus. Ce qui est encore plus vrai lorsque vous êtes un demi-dieu. En effet, soudainement, c’est la panique qui se déclare. Les gens se mettent à courir partout, sans doute en visant la sortie. Les lumières disjonctent et clignotent. Les alarmes sonnent, créant une véritable cacophonie. Puis, elles se taisent.

Apparemment, il s’agit d’une prise d’otage. Mais je ne suis ni dupe, ni stupide. J’appartiens à un monde inaccessible aux humains normaux. Tout comme les responsables de ce vacarme. Et oui, je les ai vus. Les monstres. Ils sont là, à semer la pagaille parmi les mortels. Il y a quelque chose qui ne va pas. Je doute très fortement qu’ils soient là pour faire du shopping. Je suis certain qu’il y a anguille sous roche. Je reçois alors un message-Iris qui confirme mes craintes. C’est une attaque du monde mythologique. Et c’est à moi de m’en occuper. J’ignore ce que je dois faire ou trouver dans le coin. Tuer les monstres ? C’est probablement un bon point de départ. Mais s’il y a autre chose, je dois également le trouver. Et je ne faillirai pas à ma quête. Hors de question.

Je me retrouve donc à naviguer entre les allées du magasin, prêt à attaquer. Mais d’abord, avant d’attaquer les monstres, je préfère savoir de quoi il retourne. Si je peux glaner quelques informations d’une manière ou d’une autre, cela ne peut être que bénéfique. C’est alors que j’entends un bruit suspect derrière moi. Mes réflexes de demi-dieu se réveillant, je saisis mon arc en or impérial ainsi qu’une flèche de la même matière et je l’encoche rapidement avant de bander mon arc, prêt à tirer. C’est à ce moment-là que je remarque que la personne qui est en désormais en face de moi n’est pas vraiment celle à laquelle je m’attendais. Mais pas du tout. « Toi ? » Je pensais trouver un monstre. Mais cela n’a pas l’air d’être le cas. « Qu’est-ce que tu fais là ? » Je ne remarque même pas que je continue à pointer ma flèche dans la direction de cette personne.